Dans le bus authentique

Dans le bus qui nous conduit vers l’une des plages de Porto, traversant en zig zag plusieurs kilomètres de quartiers excentrés, nous assistons à une scène cocasse. Le vieil homme assis en face de Gaël se moque d’une vieille dame qui, s’étant levée avant l’arrêt du bus, a du mal à se tenir dans les virages : elle tangue, et le vieux la regarde du coin de son œil ridé et fait « toc toc elle est dingue » de son doigt sur la tête. La vieille femme réussit finalement à sortir du bus, à l’arrêt, sans s’être cassé la margoulette.

Une autre dame, la soixante dizaine dynamique, s’installe en compagnie des autres vieilles femmes assises de l’autre côté de l’allée. Elles papotent, elles doivent se connaître en tant que voisines du quartier.

Avant de s’asseoir avec ses copines cette vieille dame elle aussi a un peu tangué alors le vieux monsieur refait son geste et s’adresse longuement à Gaël qui répond "hum". Je souris car je sais que Gaël - qui est à peu près aussi bon que moi en portugais- ne comprend pas du tout ce que lui dit cet homme, qui doit penser s’adresser à un autre lusophone.

Mais la mamie a perçu qu’il se moquait d’elle et l’interpelle à voix haute dans le bus, elle doit bien le rembarrer car le vieux se tait d’un coup, ronchonne un peu. On échange des regards amusés avec les autres passagers. L’affaire semble classée.

C’est au prochain que le vieil homme descend. Il se lève alors que le bus roule encore, vacille sur ses jambes, s’accroche in extremis à une barre pour ne pas se casser la goule. Regards complices échangés entre nous. Les copines tapent la discute tranquillement, il fait beau cet après-midi. Le bonhomme descend.