Hier, au détour d'un chemin ivre, je croisai Djeha-Hodja Nasreddin et Léo A., tous deux poétiquement installés, et leur demandai un instant de refuge. Les sourcils broussailleux de Djeha-Hodja entamèrent la danse de l'hospitalité alors que la main de Léo A. s'empressait de m'offrir une Chimay bleue pour allier l'abri à l'agréable. Quelques goulées de bières plus tard, alors que je m'informai du but de leur présence en ce lieu insécure Djeha-Hodja me répondit par un haussement d'épaule et Léo A. par un sourire narquois. Intrigué par l'absence de mots je me mis à douter de leur existence, puis du chemin ivre, du siège poétique, de cette forêt profonde... ...
Au creux de ma paume, la bouteille de bière me rappela à l'ordre, je m'emplis alors du savoureux Nectar pour retrouver une profonde assurance : "tu bois de la Bière donc tu es". Je décidai ensuite de mieux observer mes deux compagnons quand soudain tout devint clair : Djeha-Hodja et Léo A. s'adonnaient simplement à leur discipline favorite - bien qu'ignorée de beaucoup de leurs auditeurs - le conte silencieux.
L' un commençait une histoire par un infime mouvement et l' autre devait poursuivre de manière harmonieuse sans user de la parole. Ainsi préservaient-ils l'équilibre fragile du pays des contes, pays où pour chaque mot énoncé devait exister un silence aussi long. Le conte en question évoquait LoCUriA, un égaré, un mot ivre de son propre chemin, un mot qui rencontra deux hommes muets et qui au moment où il accéda à la compréhension de son monde s'évanouit tel trois points ...
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